L'avènement de Carlos Rodriguez (Tour de France)
Rodriguez, la victoire et le podium
Au terme d'une étape menée à un train d'enfer par la formation Jumbo-Visma, le jeune coureur espagnol d'INEOS, Carlos Rodriguez, s'impose devant Pogacar et Vingegaard et monte sur le podium.
Rodriguez, la nouvelle star espagnole
Avec trois cols de 1ère catégorie et le Col de Joux Plane (HC, 11,6 km à 8,5%), la 14ème étape du Tour de France entre Annemasse et Morzine avait tout pour permettre une belle lutte entre les favoris. Au terme des 151,8 km du jour, c'est la jeune pépite espagnole, Carlos Rodriguez (22 ans), qui s'est imposé. Dans le même temps, le coureur d'INEOS en a profité pour monter sur le podium, 1 petite seconde devant Jai Hindley (Bora-Hansgrohe), distancé à 5 km du sommet de Joux Plane. Carlos Rodriguez, un temps lâché par les deux géants, a profité de la temporisation des deux hommes pour revenir puis leur filer entre les doigts dans la descente. À 22 ans, le jeune espagnol, 7ème du dernier Tour d'Espagne, confirme toutes les promesses placées en lui dans ce Tour de France. Il est devenu le plus jeune espagnol à remporter une étape sur le Tour de France. Avec une victoire d'étape et dans la lutte pour le podium, il est clair que le cyclisme espagnol s'est trouvé une nouvelle star (en plus d'Ayuso, 20 ans), un successeur aux Contador, Valverde ou "Purito" Rodriguez, avec ce jeune homme pétri de talent qu'est Carlos Rodriguez.
Le rouleau compresseur Jumbo-Visma
Cette 14ème étape du Tour de France a fait de gros dégâts parmi les prétendants au classement général, et les Jumbo-Visma n'y sont certainement pas pour rien. Dès le début de l'étape, on a compris que la formation néerlandaise voulait cadenasser la course, afin de tenter d'user Tadej Pogacar (UAE Team Emirates). Alors qu'une grosse chute neutralisait la course après seulement 5 km, obligeant notamment Meintjies (Intermarché Circus-Wanty), 13ème du général, à abandonner, les Jumbo-Visma ont ensuite débuté leur rythme effréné. Tandis que l'échappée ne parvenait pas à prendre le large, Romain Bardet (Team DSM) négociait mal un virage et allait au sol. 12ème du général le matin, le français, 2 fois sur le podium du Tour (2016 et 2017), a été contraint d'abandonner. Pas de quoi troubler les hommes de Vingegaard, qui ont étouffé le peloton tout au long de la journée, malgré les nombreuses attaques pour prendre l'échappée. Alors que dans le Col de la Ramaz, avant-dernière difficulté, Thomas Pidcock (INEOS, 8ème du général) craquait un peu avant le sommet, les hommes d'UAE reprenait la barre dès le pied de Joux Plane, mettant la pression sur la formation néerlandaise qui avait roulé toute la journée.
Incroyable duel dans Joux-Plane
C'est finalement Adam Yates (UAE) qui en accélérant a fait craquer tout le monde, hormis son leader et Vingegaard. En bon lieutenant, le Britannique a emmené Pogacar jusqu'à ce que celui-ci place une attaque, à 3,7 km du sommet. Une attaque tranchante, comme le Slovène en a l'habitude, et qui une nouvelle fois, lui a permis de sortir le maillot jaune de sa roue. Mais cette fois-ci, Vingegaard a su gérer, lisser son effort pour revenir progressivement sur "Pogi" 2 km plus loin, immisçant peut-être un doute dans la tête de celui-ci, alors qu'on pensait voir Vingegaard craquer mentalement et céder à la panique. Le retour du Danois a ensuite donné lieu à une scène déjà légendaire, les deux hommes à l'arrêt dans Joux Plane, comme sur un vélodrome, se toisant l'un l'autre, nul ne voulant donner un relais au second. C'est notamment grâce à cette temporisation que Carlos Rodriguez a pu faire son retour puis s'échapper dans la descente et ainsi aller s'imposer.
Les motos faussent la course
Mais ce splendide duel a en partie été gâché au sommet du dernier col par une grossière erreur des motos suiveuses. En effet, alors qu'on approchait du sprint bonus, qui donnait 8", 5" et 2" aux trois premiers franchissants le sommet de Joux Plane, Pogacar plaçait une accélération à plus de 500 mètres du sommet. Alors que le public rendait la route étroite, le Slovène a dû lever le pied, les deux motos devant lui ne lui permettant pas de poursuivre son accélération. Bloqué, le maillot blanc n'a pas paniqué, mais a ensuite manqué de lucidité au sommet, se faisant surprendre par Vingegaard et perdant donc 3" sur celui-ci (8" pour le maillot jaune, 5" pour Pogacar). De plus, le Slovène, concentré sur le Danois, n'a pas immédiatement pris en chasse Rodriguez lorsque celui-ci est rentré sur les deux hommes, laissant ainsi filer une victoire d'étape qui lui était promise, Pogacar étant plus rapide au sprint. Finalement, et sans rentrer dans la fiction, les motos ont eu une influence tout de même importante sur la course. Alors que Pogacar semblait parti pour prendre les bonifications au sommet et probablement gagner l'étape au sprint, le Slovène, 2ème, perd 1" sur Vingegaard au général en additionnant les bonifications de Joux Plane à celle de l'arrivée (la deuxième place rapporte 6" et la troisième 4"). De plus, sans cette victoire, Rodriguez ne serait pas monté sur le podium, puisque ce sont les bonifications qui lui permettent de passer devant Hindley. Enfin, en passant en tête à Joux Plane, Vingegaard prend le maillot à pois des épaules de Powless (EF Education EasyPost). Les motos ont donc eu une réelle incidence sur la course, et même si celles-ci seront exclues lors de la prochaine étape, on peut clairement se demander quel sera l'impact réel de cet incident sur le résultat de ce Tour de France qui se joue à coup de secondes. Espérons que celui-ci ne soit trop important.
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