Billet : Merci les Jeux, merci les Bleus !

Merci les Jeux, merci les Bleus

(@Skitterphoto, CCO Creative Commons) 

  Une parenthèse enchantée. Au milieu d'un contexte politique tendu, des menaces terroristes ou des inquiétudes autour de la capacité de Paris à accueillir le monde de l'Olympisme, la magie des Jeux a parfaitement répondu. Pourtant rien n'était gagné d'avance. Les Français, râleurs invétérés, étaient les premiers pessimistes, fatigués des derniers évènements politiques et mis à cran par un paysage médiatique de moins en moins sain. 

    Et puis est arrivé ce vendredi 26 juillet, jour de cérémonie d'ouverture. Un spectacle grandiose, inédit, sur la Seine, imaginé par Thomas Jolly et ses équipes. Et la magie a opéré. Les Jeux étaient lancés. Et le sport a tout emporté. Dès le samedi, le rugby à 7 a fait chavirer le Stade de France, emmené par son chouchou Antoine Dupont pour glaner un premier titre olympique. De là, tout s'est accéléré. Le public était conquis. Et Paris s'est enivré. 

    Pourquoi ? Parce que les Jeux, c'est ça. Les Jeux, c'est se réveiller chaque matin en se demandant quelles sont les chances de médailles tricolores. Les Jeux, c'est stresser devant de l'équitation ou du canoë, alors qu'on n'en avait jamais vu avant. Les Jeux c'est pousser derrière Benjamin Thomas alors qu'on ne comprend rien aux règles de l'omnium. Les Jeux, c'est remercier Eole d'avoir soufflé au bon moment pour permettre à Lisa Barbelin de filer en demi-finale, tout en criant à l'injustice quand Pidcock tasse Koretzky, quand Anthony Jeanjean n'est que troisième ou que l'arbitre donne un shido aux Français en judo. Alors qu'on n'y connait rien. Parce que c'est ça les Jeux. C'est être de mauvaise foi, être chauvin. C'est maugréer parce qu'on rate nos finales avant d'exploser devant un triplé français en BMX. C'est se réunir au Club France et encourager nos Bleus comme un seul homme. C'est reprendre "Que je t'aime" à pleins poumons après chaque exploit tricolore. 

    Parce que les Jeux, c'est être fier d'être Français, de soutenir autant d'athlètes, dans toute leur diversité. C'est être fier de ses icônes que sont Léon Marchand ou Teddy Riner, mais aussi des moins connues comme Mekdes Woldu, qui s'est battue pour représenter ce drapeau, ou Althéa Laurin, qui a placé pour la première fois le taekwondo français au sommet. Les Jeux c'est se prendre d'affection pour les frères Lebrun, se découvrir une passion pour le tir à l'arc ou encore se réveiller au beau milieu de la nuit pour admirer Kauli Vaast sur sa vague de Teahupo'o. Les Jeux c'est se promettre de laisser le football de côté avant d'être emporté par l'épopée des "Fous" de Thierry Henry. C'est croire à l'impossible en basket alors qu'on affronte Team USA, deux fois. C'est crier après les exploits de Joan-Benjamin Gaba ou Titouan Castryck et pleurer devant la cruauté des dieux du sport avec Auriane Mallo-Breton, battue deux fois en finale à la touche décisive. Parce que les Jeux c'est ça. C'est des joies immenses, qui couronnent des légendes de leur sport comme Pauline Ferrand-Prévot, enfin médaillée d'or en VTT, et des désillusions cruelles, comme cette passe de Dika Mem qui fait tomber de haut les champions olympiques. 

    Finalement, les Jeux c'est un peu Français. C'est râler, s'extasier, s'énerver, crier, sauter, hurler, stresser. Parce que les Jeux, c'est des émotions intenses, une respiration bienvenue dans un monde capricieux, qui permet à qui se laisse emporter par cette vague enchantée de souffler. Parce que les Jeux, finalement, ça rassemble. C'est faire preuve d'unité, s'émerveiller devant un improbable featuring entre Aya Nakamura et la Garde Républicaine, fraterniser avec des gens du monde entier ou encore danser au milieu de la rue avec des policiers. Le tout dans un décor de conte de fée. Et rien que pour ça, merci les Jeux, merci les Bleus.

Hugo Jannière

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