Cyclisme : Les "Tops/Flops" de la première partie de saison
Les "Tops/Flops" de la première partie de saison
Alors que la première partie de saison s'est achevée ce dimanche 21 avril sur une nouvelle démonstration de Pogacar à Liège-Bastogne-Liège, l'heure est au bilan de ce début d'année. Entre surprises et déceptions, certains ont répondu présent quand d'autres peinent toujours à lancer leur saison.
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Dorian Godon devance son coéquipier Andrea Vendrame sur la première étape du Tour de Romandie mercredi. (@decathlonAG2RLM) |
Ils ont surpris
Décathlon-AG2R : La renaissance
Raillée durant l'hiver suite à l'annonce de la fin du partenariat entre la structure de Vincent Lavenue et BMC pour une nouvelle collaboration avec Van Rysel, la formation Décathlon-AG2R fait taire les critiques sur ce début de saison. Déjà onze victoires, en comptant la dernière de Godon sur le Tour de Romandie, soit une de plus que la saison dernière. 4e au classement UCI (18e en 2023), c'est un véritable départ en fanfare pour le nouveau sponsor, Décathlon. Emmené un Ben O'Connor en grande condition (2e de l'UAE Tour avec une étape, 5e de Tirreno-Adriatico, vainqueur du Tour de Murcie) et la révélation Paul Lapeira (vainqueur de la Classic Loire Atlantique, de Cholet Tour Agglo et d'une étape du Tour du Pays Basque), le véritable symbole de ce renouveau n'est autre que Benoît Cosnefroy. Après une année sans gagner, le Normand a déjà scoré à quatre reprises en 2024 (une étape et le général du Tour des Alpes Maritimes, Paris-Camembert et la Flèche Brabançonne), soit à une longueur de son record (5 en 2019). Avec en plus Félix Gall, les frères Paret-Peintre ou encore Armirail, Décathlon-AG2R a les armes pour briller sur les Grands Tours. Seule déception pour le moment, Sam Bennett. Arrivé à l'intersaison, le sprinteur irlandais n'a pas encore ouvert son compteur. Si la machine se lance, les hommes de Vincent Lavenue seront redoutables sur tous les terrains.
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Stephen Williams vainqueur de la Flèche Wallonne pour la première fois le 17 avril. (@IsraelPremTech) |
Stephen Williams : L'éclosion tardive
À 27 ans, Stephen Williams n'avait jamais connu de saison aussi faste. Vainqueur de la dernière étape et du classement général du Tour Down Under en janvier, le Britannique a récidivé sur la Flèche Wallonne. Explosif, rapide au sprint, le puncheur de la formation Israël-Premier Tech a passé un cap cette année. Maintenant capable de rivaliser avec les meilleurs, il n'est pas passé loin d'ajouter quelques trophées à sa collection, avec trois top 5 sur le Tour de Catalogne. Prévu sur le Tour de France, son premier, il devrait rapidement trouver un terrain à sa convenance, et rêve probablement de la tunique jaune au soir de la première arrivée à Rimini.
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4e victoire de la saison pour Lenny Martinez sur le Tour du Doubs le 14 avril. Il est le meilleur scoreur de la Groupama-FDJ. (@GroupamaFDJ) |
Les jeunes pépites de la Groupama-FDJ : L'année de la confirmation
Si la première année de Laurence Pithie, Lenny Martinez et Romain Grégoire au sein de l'équipe professionnelle avait déjà donné une idée de leur potentiel, la deuxième est plus qu'une confirmation. Les jeunes pousses font partie des cinq meilleurs coureurs de la formation française depuis le début de la saison. Sur les huit victoires de l'équipe, six sont venues de ces trois hommes. Vainqueur quatre fois (Classic Var, Trofeo Laigueglia, Classic Grand Besançon Doubs, Tour du Doubs) Lenny Martinez compte à lui seul la moitié des succès de la Groupama-FDJ. De leur côté, Romain Grégoire, vainqueur sur le Tour du Pays Basque, et Laurence Pithie, qui a remporté la Cadel Evans Classic en début de saison, comptent les deux victoires World Tour de l'équipe. En fin de contrat en décembre prochain, les trois jeunes hommes n'ont toujours pas été prolongés par la structure de Marc Madiot. Pire, Lenny Martinez et Laurence Pithie seraient en contact très avancés avec Bahreïn-Victorious pour le premier et Bora-Hansgrohe pour le second. Si la Groupama-FDJ n'est peut-être pas en mesure de conserver ses pépites, la formation française a encore quelques mois devant elle pour en profiter.
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Maxim Van Gils à l'effort sur Liège-Bastogne-Liège le 21 avril. Il réalise un début de saison impressionnant. (@lotto_dstny) |
Maxim Van Gils : L'homme des classiques
Vainqueur du contre-la-montre du Tour d'Andalousie pour son premier jour de course de l'année, Maxim Van Gils n'a fait que confirmer depuis. Hormis le Tour de Catalogne où il a abandonné après deux étapes, le Belge a participé uniquement à des courses d'un jour. Sur ces profils vallonnés, où sa puissance et ses capacités de résistances lui permettent de bien s'exprimer, sa 20e place sur l'Amstel Gold Race est son plus "mauvais" classement. 5e de l'Ardèche Classic, 3e de la Drôme Classic, 3e des Strade Bianche, 7e de Milan-San-Remo, 2e du GP Indurain, 3e de la Flèche Wallonne, 4e de Liège-Bastogne-Liège, il ne manque qu'une victoire sur ces épreuves au coureur de la Lotto-Dstny. Des résultats qui parlent pour le jeune homme de 24 ans, qui a déjà inscrit cette saison plus de points UCI (1610) qu'en 2023 (1150). Avec le Tour de France dans le viseur, le Belge devra s'appuyer sur ses belles performances du début d'année pour rêver d'une victoire d'étape sur la Grande Boucle.
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Luca Mozzato (au centre) termine 2e du Tour des Flandres derrière Van Der Poel, le 31 mars. (Getty Images Sport) |
Arkea-B&B Hôtels : La belle surprise
La formation bretonne a le vent en poupe en ce début d'année. 5 victoires, soit déjà la moitié de celles de la saison passée, un podium sur le Tour des Flandres avec la 2e place de Luca Mozzato, un podium sur la Flèche Wallonne avec la 2e place de Vauquelin, deux tops 10 sur des courses à étape World Tour (Vauquelin 10e de Tirreno-Adriatico et 8e du Tour du Pays Basque), les Bretons filent sur une mer sans vague pour le moment. Prochaine étape, une victoire World Tour, qui leur échappe depuis plus de deux ans et le succès de Barguil sur une étape de Tirreno-Adriatico. Avec un Kevin Vauquelin qui a prouvé être capable de briller à ce niveau, un Mozzato surprenant ou encore un coureur du calibre de Démare, les étoiles pourraient s'aligner pour les hommes d'Emmanuel Hubert. Les Bretons réussiront-ils à mener leur barque vers les sommets du peloton ?
Ils ont répondu présent
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Vainqueur de Liège-Bastogne-Liège le 21 avril, Pogacar remporte son 6e monument. (@TeamEmiratesUAE) |
Tadej Pogacar : Inévitable
Comme attendu, le Slovène survole le peloton World Tour en ce début de saison. L'ogre de la formation UAE Team Emirates a remporté toutes les courses auxquelles il a participé, hormis Milan-San-Remo, 3e. Les Strade Bianche pour sa reprise après 80 km en solitaire, le Tour de Catalogne avec quatre victoires d'étape et Liège-Bastogne-Liège après être sorti dans la Redoute, à 40 km du but. Injouable, le double vainqueur du Tour de France ne laisse rien à ses adversaires. Dès que la route s'élève, personne ne peut lui résister en ce début d'année. À noter tout de même que le Slovène n'a pas croisé la route de Vingegaard en montagne, ni de Evenepoel sur les Strade ou Liège. Alors qu'il s'apprête à disputer son premier Giro, Pogacar devrait retrouver ses rivaux sur le Tour de France, pour, on l'espère, une lutte spectaculaire.
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Vingegaard remporte Tirreno-Adriatico en mars dernier avant de connaître une terrible chute sur le Tour du Pays Basque quelques semaines plus tard. (@vismaleaseabike) |
Jonas Vingegaard : Stoppé dans son élan
Alors qu'il réalisait un début de saison supersonique, facile vainqueur du Tour de Galice et de Tirreno-Adriatico, le double tenant du titre du Tour de France a connu une grave chute sur le Tour du Pays Basque. Évacué sur civière, le Danois a chuté à haute vitesse dans un virage, en compagnie notamment de Roglic et Evenepoel. Après plusieurs jours à l'hôpital sans nouvelles, la Visma Lease a Bike a communiqué sur son état, annonçant que son coureur star souffrait d'une contusion pulmonaire, d'un pneumothorax, de plusieurs côtes cassées et d'une fracture de la clavicule. Un lourd bilan, qui rend sa participation à la Grande Boucle incertaine, mais pas impossible. Et au vu de la marge de manoeuvre montrée par Vingegaard face à ses concurrents, il pourrait être dans le match sans être à 100%. Sorti de l'hôpital le 16 avril dernier, le grimpeur se concentre maintenant sur sa récupération. Avec juillet en ligne de mire.
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Van Der Poel et Philipsen signent un doublé sur Paris-Roubaix pour la 2e année d'affilée. (Photo News) |
Le duo Mathieu Van Der Poel/Jasper Philipsen : Tic et Tac on fire
Quatre monuments, cinq podiums dont trois victoires à eux deux, Van Der Poel et Philipsen ont dominé la campagne de classiques flandriennes. Le tout en étant très complémentaire. L'E3, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix pour le Néerlandais, Milan-San-Remo et Brugge-de-Panne pour le Belge, les deux hommes n'ont presque rien laissé à leurs adversaires. Seuls Gent-Wevelgem (2e et 4e) et À Travers la Flandre (Uniquement Philipsen a couru, 15e) leur ont échappé. Milan-San-Remo, où Van Der Poel se mue en équipier pour son pote et Paris-Roubaix, où Philipsen maîtrise les poursuivants suite à l'attaque du champion du monde avant de terminer 2e, sont leurs plus belles réussites. Pour bien finir cette première partie de saison, le Néerlandais s'est même offert un podium sur Liège-Bastogne-Liège, après un regroupement dans le final. On fire !
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Tom Pidcock remporte l'Amstel Gold Race le 14 avril devant Hirschi et Benoot. (@INEOSGrenadiers) |
Tom Pidcock : Enfin récompensé
Il est peut-être l'un des coureurs qui pâtit le plus de la domination des "fantastiques". Un de ceux juste en dessous, qui s'aligne sur les mêmes courses, avec les mêmes objectifs, sans parvenir à les accrocher quand ces derniers s'envolent vers le succès. À l'aise dans les bosses, explosif, rapide au sprint, bon grimpeur, virtuose au guidon, le Britannique est souvent tombé sur plus fort que lui. Écœuré par Pogacar sur les Strade Bianche, il a enfin remporté l'Amstel Gold Race après deux podiums (2e en 2021, 3e en 2023). Souvent placé (8e de l'Omloop, 11e de Milan-San-Remo, 17e de Paris-Roubaix, 10e de Liège), son tempérament offensif lui coûte parfois à l'arrivée un meilleur classement, le Britannique ne bénéficiant pas de la même marge de manœuvre qu'un Pogacar ou un Van Der Poel. Avec ce succès sur l'Amstel, sa deuxième classique World Tour après les Strade Bianche 2023, le champion du monde de VTT doit désormais viser un monument. Une tâche difficile, tant ces derniers sont maintenant réservés à quelques coureurs (onze des seize derniers ont été remportés par Van Der Poel et Pogacar). Une montagne, que le vainqueur de l'Alpe d'Huez devra gravir pour atteindre le septième ciel.
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Matteo Jorgenson remporte Paris-Nice, sa première victoire avec la Visma Lease a Bike. (@vismaleaseabike) |
Matteo Jorgenson : La confirmation
Arrivé chez Visma Lease a Bike en provenance de Movistar après une saison réussie, l'Américain s'est parfaitement adapté à la formation néerlandaise. Capable de briller sur les classiques et les courses par étapes, Jorgenson a rapidement confirmé. Excellent vainqueur de Paris-Nice devant Evenepoel après une dernière étape totalement maîtrisée, le jeune homme de 24 ans a remporté sa première classique World Tour sur À Travers la Flandre. Seul coureur capable de tenir sur son vélo avec Van Der Poel dans le Koppenberg sur le Tour des Flandres, il a finalement payé ses efforts en poursuivant le Néerlandais, pour terminer à une anonyme 31e place. Sur le Tour de France, il devrait être un atout de poids pour Vingegaard sur tous les terrains, avant de probablement prendre la direction de Paris pour les JO, sur un terrain où il pourrait être redoutable.
Ils sont dans le dur
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4e de l'Amstel Gold Race, Vansevenant a signé le résultat le plus marquant de la Soudal-QuickStep sur les classiques. (Getty Sport) |
Soudal QuickStep : Une campagne de classiques à oublier
Avec treize victoires au compteur, dire d'une équipe qu'elle déçoit peut être jugé comme sévère. Mais ces succès viennent seulement de trois hommes. Evenepoel, vainqueur quatre fois, Merlier, sept fois et enfin le jeune français Paul Magnier, par deux fois. Et surtout, la formation de Patrick Lefevere a été invisible sur les classiques, autrefois son point fort. Quatre top 10 (Alaphilippe 9e sur Milan-San-Remo, Merlier 8e sur Gent-Wevelgem, Vansevenant 4e de l'Amstel et 6e de Liège) et un seul podium, Merlier, 2e de la Panne. Pire, les Belges n'ont jamais existé sur le Tour des Flandres (Lampaert 18e) et Paris-Roubaix (Lampaert 36e), autrefois le terrain de jeu de la QuickStep. Insuffisant pour une équipe de ce calibre.
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Présentation de l'équipe Cofidis sur la Doyenne. Triste record pour l'équipe normande, qui n'a toujours pas gagné cette année. (Getty Sport) |
Cofidis : Toujours fanny
Fin avril, après plus de trois mois de compétition, la formation Cofidis n'a toujours pas inscrit le moindre succès à son palmarès. Un record pour la formation nordiste, qui n'avait jamais attendu aussi longtemps pour gagner. Dernière victoire en date, le triomphe de Jesus Herrada sur la 11e étape du Tour d'Espagne le 6 septembre 2023. Sept mois et demi sans victoire, une éternité pour une équipe qui a scoré à quatorze reprises la saison passée. Elle est d'ailleurs la seule équipe World Tour dans ce cas là. Si les hommes de Cédric Vasseur tournent autour, avec des places d'honneur pour Zingle, Martin, Coquard ou encore Izagirre, ces derniers vont devoir redoubler d'effort pour délivrer les rouges et blancs. Et montrer qu'ils sont les leaders de la formation nordiste.
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Ben Healy a tout donné sur Liège-Bastogne-Liège, sans succès. (@EFprocycling) |
Ben Healy : Confirmation difficile
Après une saison 2023 de haut vol avec cinq victoires, dont une sur le Giro, et une impression de puissance dégagée, la première partie de 2024 est plus compliquée pour Ben Healy. 4e de l'Étoile de Bessèges et du Tour d'Algarve en début de saison, l'Irlandais n'a jamais brillé en World Tour. Invisible sur Tirreno-Adriatico, il n'a pas eu plus de résultats sur les Ardennaises. 45e de l'Amstel, 34e de la Flèche Wallonne et 27e de Liège-Bastogne-Liège, on est loin de sa campagne 2023 (2e de l'Amstel, 4e de Liège). Une déception pour le coureur de la formation EF Education-EasyPost qui avait pourtant fait de ces courses son objectif principal de la première partie de saison. Une méforme qui peut aussi s'expliquer par une fracture à la main survenue courant février, et qui a sans nul doute perturbé sa préparation. L'Irlandais espère maintenant être retenu pour participer au Tour de France. L'occasion de briller de nouveau ?
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Primoz Roglic à l'échauffement avant la première étape du Tour du Pays Basque le 1er avril. (@BORAhansgrohe) |
Primoz Roglic : Adaptation difficile
On a pas l'habitude de voir Roglic aussi discret à ce stade de la saison. Adepte des courses d'une semaine, le Slovène en a souvent remporté une en première partie d'année. Arrivée chez la Bora Hansgrohe après son départ de la structure Visma, le triple vainqueur de la Vuelta a très peu couru. Il a effectué ses premiers tours de roue sur Paris-Nice, où il était annoncé comme le grand favori avec Evenepoel. Seulement 10e du général final, il a même terminé derrière son équipier Vlasov, 5e. Sur le Tour du Pays Basque, Alors qu'il avait remporté le contre-la-montre inaugural, il a chuté plusieurs fois avant d'abandonner lors du grave accident impliquant aussi Vingegaard. Un début de saison pas idéal, qui ne laisse que peu d'indices sur la forme du Slovène, hormis un Paris-Nice bien décevant. Objectif Tour de France maintenant pour Roglic, avec l'espoir de rivaliser avec son ancien coéquipier, Jonas Vingegaard.
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Simon Yates à l'arrivée de Liège-Bastogne-Liège, terminé à une énigmatique 32e place. |
Simon Yates : Le mystère
Une première partie de saison étonnante pour Simon Yates. Vainqueur de l'AlUla Tour début février, le Britannique avait repris chez lui, en Australie, sur le Tour Down Under (7e). Mais après son séjour en Arabie saoudite, on a plus revu le frère d'Adam avant le mois de mars en Catalogne. Une course d'une semaine que le grimpeur a traversée dans l'anonymat le plus complet, 57e du classement final. Même chose ensuite sur Liège-Bastogne-Liège, 32e. Actuellement sur le Tour de Romandie, la question est de savoir si le vainqueur de la Vuelta en 2018 va retrouver la forme. Avec le Tour de France pour objectif, rien n'est alarmant pour le coureur de 31 ans. Mais sa première partie de saison reste tout de même bien mystérieuse.
Hugo Jannière
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